LE CAUCASE 123 En cas d'attaque, les cent quarante-trois hommes de la garnison sortent, et le reste de la stanitza soutient le siége, rangé contre les haies comme contre un rempart. Dans ce cas et de crainte d'incendie, chaque femme doit avoir à portée de sa main un seau plein d'eau. En cinq minutes, chacun est à son poste, un coup de canon et le son des cloches donnent l'alarme. D'après la façon dont nous avons parlé dans le cha- pitre précédent de Tchervelone et des pèlerinages que font les jeunes officiers à cette stanitza, on pourrait croire que les femmes de ce charmant aoul n'ont dans leur histoire que des pages dignes, comnie eussent dit le poëte Parny ou le chevalier de Bertin, d'être tournées par la main des Amours. Détrompez-vous; l'occasion s'en présentant, nos Co- saques sont de véritables amazones. Un jour que toute la partie masculine de la stanitza était en expédition, les Tchetchens, sachant le village habité par les femmes seulement, firent une pointe sur Tchervelone. Les femmes s'assemblèrent en conseil de guerre, et l'on résolut de défendre la stanitza jusqu'à la mort. On réunit toutes les armes, on réunit toute la poudre, on réunit tout le plomb. Le village renfermait, en farine et en animaux domes- tiques, tout ce qu'il fallait de vivres pour que l'on ne craignît point d'être pris par la famine. Le siége dura cinq jours; une trentaine de monta- gnards restèrent, non pas au pied des remparts, mais au pied des haies. Trois femmes furent blessées, deux tuées.