LE CAUCASE 121 Le montagnard avait un assez beau fusil, une schaska à poignée de cuivre prise certainement à un Cosaque, un mauvais pistolet et un assez bon poignard. Quant à l'argent, sans doute un des vœux de l'abreck était-il le vœu de pauvreté : il n'avait pas un kopek sur lui. Il portait, en outre, en signe d'honneur, une plaque d'argent ronde, de la largeur d'un écu de six francs, donnée par Schamyl. Elle était niellée de noir et portait pour inscription : Schamyl, effendy. Les deux mots étaient séparés par un sabre et une hache. J'achetai au Cosaque ces différents objets pour trente roubles. Par malheur, j'ai perdu dans les boues de la Mingrélie le fusil et le pistolet; mais il me reste le kandjar et la décoration. J'ai déjà dit que les Cosaques de la ligne étaient d'ad- mirables soldats. Ce sont eux qui, avec les Tatars sou- mis, font la police de tous les chemins du Caucase. Ils se divisent en neuf brigades complétant les dix- huit régiments déjà formés. Au moment de mon passage, deux autres étaient en formation. Ces brigades sont ainsi divisées : Sur le Kouban et la Macta, c'est-à-dire sur le flanc droit, six brigades; Sur le Terek et la Songia, c'est-à-dire sur le flanc gauche, trois brigades. Quand on veut faire un nouveau régiment, on com- mence par former six stanitzas. Chaque stanitza fournit son contingent. Quoique le contingent soit de cent quarante-trois