LE CAUCASE 115 Le cheval s'arrêta près du cavalier. Le Cosaque, ignorant si ce n'était pas une ruse et si le montagnard ne simulait point la mort, fit un grand cercle avant de s'approcher de lui. Il cherchait évidemment à voir le visage de son en- nemi; mais son ennemi, par hasard ou à dessein, était tombé la face contre terre. Le Cosaque se rapprocha de lui peu à peu le mon- tagnard ne bougeait pas. Notre Cosaque tenait à la main son pistolet, dont il ne s'était pas servi, prêt à faire feu. A dix pas du Tchetchen, il s'arrêta, visa et lâcha le coup. Le Tchetchen ne bougea pas. C'était une balle perdue inutilement. Le Cosaque avait tiré sur un cadavre. Il sauta à bas de son cheval, s'avança, tirant son kandjar, s'inclina sur le mort, et, une seconde après, se releva, sa tête à la main. Toute l'escorte cria : « Hourra! » Il avait gagné les trente roubles et, par-dessus le marché, sauvé l'honneur du corps et vengé son camarade. En un instant, le montagnard fut nu comme la main. Le Cosaque plia toute sa défroque sur son bras; puis, il saisit par la bride le cheval blessé, qui n'essaya point de fuir, lui mit son butin sur le dos, remonta sur son cheval, et revint à nous. Il n'y eut qu'une question : Comment ton fusil, après avoir brûlé l'amorce, a-t-il pu partir? Le Cosaque se mit à rire. -- rades. Mon fusil n'a pas brûlé l'amorce, dit-il. Bon! nous avons vu la fumée ! crièrent ses cama-