112 IMPRESSIONS DE VOYAGE ―― Je n'ai pas de cheval, dit le Cosaque; qui m'en prête un ? Pas un Cosaque ne répondit. Aucun ne se souciait de faire tuer peut-être son cheval entre les jambes d'un autre, le gouvernement eût-il, en pareille circonstance, payé les vingt-deux roubles promis. Je sautai à bas du mien, excellent cheval de remonte, et le donnai au Cosaque, qui s'élança en selle. Un autre homme de notre escorte qui m'avait paru très-intelligent, et auquel trois ou quatre fois j'avais fait, par l'intermédiaire de Kalino, des questions pen- dant la route, s'approcha de moi et m'adressa quelques mots. - Que dit-il? demandai-je à Kalino. - Il demande, s'il arrive malheur à son camarade, la permission de le remplacer. - Il se presse un peu, ce me semble; mais, en tout cas, dites-lui que c'est accordé. Le Cosaque rentra dans les rangs et se mit à examiner ses armes, comme si son tour de s'en servir était déjà arrivé. Cependant, son compagnon avait répondu par un cri au défi du montagnard et était parti à fond de train dans sa direction. Tout en courant, le Cosaque fit feu. L'abreck fit cabrer son cheval: le cheval reçut la balle dans les chairs de l'épaule. Presque en même temps, le montagnard fit feu à son tour, et enleva le papak de son adversaire. Tous deux jetèrent le fusil sur leur épaule. Le Cosa- que tira sa schaska, le montagnard son kandjar