110 IMPRESSIONS DE VOYAGE Mais, tandis que ces sept ou huit hommes fuyaient, un homme, un seul, au lieu de fuir, sortait du buisson d'où il avait tiré le coup de feu, et, brandissant son fusil au-dessus de sa tête, criait: - Abreck! abreck! -- -Abreck! répétèrent les Cosaques. Et ils s'arrêtèrent. -Que signifie abreck ? demandai-je à Kalino. -Cela signifie : un homme qui a fait serment de cher- cher tous les dangers et de ne fuir devant aucun. - - Et que veut celui-ci ? Il ne prétend pas nous atta- quer tous les quinze à lui seul? -Non; mais il propose le combat singulier, proba- blement. Et, en effet, le Tchetchen avait ajouté quelques mots à ces deux cris: Abreck 1 abreck! - - ― - Entendez-vous ? me dit Kalino. J'entends, mais je ne comprends pas. Il défie un de nos Cosaques au combat corps à corps. - - Dites-leur qu'il y a vingt roubles pour celui qui acceptera. Kalino fit part de mon offre à nos hommes. Il y eut un instant de silence, pendant lequel ils se regardèrent entre eux comme pour choisir le plus brave. Pendant ce temps, à deux cents pas de nous, le Tche- tchen faisait faire toute sorte d'évolutions à son cheval, en continuant de crier: Abreck! abreck! Sacrebleu ! passez-moi donc ma carabine, Kalino, criai-je à mon tour; je meurs d'envie de descendre ce gaillard-là.