LE CAUCASE 103 Le colonel nous assura que, pour dix-huit ou vingt roubles, nous ferions affaire avec les hiemchiks du pays, et il promit de nous envoyer, le même soir, des loueurs de chevaux avec lesquels nous nous arrangerions. Notre officier de Derbend nous confirma dans la même espérance. Il avait déjà entamé des pourparlers pour les trois chevaux de son kibik, et avait arrêté prix à douze roubles. Effectivement, un quart d'heure après la sortie du colonel, apparurent deux hiemchiks, avec lesquels nous fimes prix à dix-huit roubles (soixante et douze francs). C'était fort raisonnable pour trente lieues, d'autant plus que, grâce à notre escorte, avec laquelle nos hiem- chiks pouvaient revenir, leurs chevaux ne couraient aucun risque. Pleins de confiance dans la parole de nos deux Schou- kovaïotes, nous nous étendimes sur nos bancs, et nous nous endormimes comme si nous étions couchés sur les matelas les plus moelleux du monde. En nous réveillant, nous fimes dire à nos hommes d'envoyer les chevaux. Mais, au lieu des chevaux, ce furent les hiemchiks qui vinrent eux-mêmes. Ils s'étaient ravisés, les honnêtes gens. Ce n'était plus dix-huit roubles qu'ils voulaient, c'est-à-dire soixante et douze francs; c'était vingt-cinq roubles, c'est-à-dire cent francs. Ils appuyaient cette prétention sur ce qu'il avait gelé pendant la nuit. Rien ne me révolte comme le vol maladroit. Celui-là