102 IMPRESSIONS DE VOYAGE V LES ABRECKS Mon premier soin, en arrivant à Schoukovaïa, fut d'aller mettre mon nom chez le colonel commandant les postes. Schoukovaïa est, pour la boue, la digne rivale de Kislar. Puis je revins pour m'occuper du dîner. Le plus fort était fait. Un de nos officiers, celui qui retournait à Derbend, avait un domestique arménien de première force sur le schislik. Il nous faisait non-seule- ment un schislik de mouton, mais encore un schislik de pluviers et de perdrix. Quant au vin, nous n'avions pas à nous en occuper : nous en apportions neuf bouteilles, et l'état de béatitude dans lequel était notre jeune lieu- tenant nous prouvait que le vin ne manquait point à Schoukovaïa. Comme nous achevions de diner, le colonel entra. Il venait me rendre ma visite. Notre première question fut pour l'interroger sur la manière de continuer notre route. On se rappelle que, pendant cent cinquante verstes, la poste est inter- rompue, nul maître de poste ne s'étant soucié d'ex- poser ses chevaux à être enlevés chaque nuit par les Tchetchens.