100 IMPRESSIONS DE VOYAGE étaient, ils finissaient par se fàcher l'un contre l'autre. Alors commençait le coup de peigne dont leur avait parlé le chef de bataillon; le combat durait jusqu'à ce que l'un des deux y renonçât. C'était presque toujours Ruski, c'est-à-dire le roquet, qui recevait la danse. Lorsque nous eûmes l'honneur de faire connaissance avec notre chef de bataillon et avec son chat et son chien, Turki avait le nez mangé et Ruski était borgne. Je me figure avec tristesse ce que sera la vie de ce brave officier, s'il a le malheur, qui ne peut manquer de lui arriver, de perdre un jour Ruski ou Turki. Il se brûlera la cervelle, à moins qu'il ne se mette à faire des visites comme le docteur ou à voyager comme le capitaine. Quant aux simples Cosaques, leurs animaux de pré- dilection sont le coq et le bouc. Chaque escadron de cavalerie a son bouc; chaque poste de Cosaques a son coq. Le bouc a une double utilité son odeur chasse de l'écurie tous les animaux nuisibles : scorpions, pha- langes, mille-pieds. Voilà pour la chose positive et matérielle. Maintenant, voici pour la poésie : il éloigne tous ces lutins qui, la nuit, entrent dans les écuries, mêlent les crins des chevaux, leur arrachent les poils de la queue, grimpent sur leur dos et les font courir, en rêve et sans qu'ils bougent de place, depuis minuit jusqu'au jour. Le bouc est le maître de l'escadron; le drôle connaît son importance: si un cheval veut boire ou manger avant lui, il tombe sur l'impertinent à coup de cornes,