LE CAUCASE 85 la plaine, nous permettant à peine de voir à cinq pas autour de nous. C'était un véritable temps de Tchetchens. Aussi nos Cosaques resserrèrent-ils leur cercle autour de nos voi tures, nous invitant à glisser des balles dans nos fusils de chasse, chargés de plomb à perdreau. Nous ne nous le fimes pas dire deux fois; en cinq minutes, la substitution fut faite, et nous nous trou- vâmes en état de faire face à vingt hommes. Nous avions dix coups à tirer sans avoir besoin de recharger. A chaque station, du reste, l'ordre était donné aux Cosaques et aux hiemchiks, et le grade que ceux-ci me supposaient eût servi, dans ce cas, à me faire obéir ponctuellement. Au moment où l'on apercevrait les Tchetchens, les deux voitures s'arrêteraient, se placeraient sur la même ligne à quatre pas l'une de l'autre; les chevaux de tête combleraient les intervalles, et, à l'abri de la barricade inanimée et vivante, nous ferions feu, tandis que les Cosaques, de leur côté, prendraient part à l'action en troupe volante. Comme, à chaque changement d'escorte, j'avais le soin de faire voir aux Cosaques la justesse et la portée de nos armes, cela leur donnait en nous une confiance que nous n'avions pas toujours en eux, surtout quand nous avions pour défenseurs des gavrielowitch. Ce dernier mot demande une explication. On l'applique aux Cosaques du Don, qu'il ne faut pas confondre avec les Cosaques de la ligne. Le Cosaque de la ligne, né sur les lieux, en face de