LE CAUCASE 81 gnit. Nous marchions alors dans une contrée maréca geuse enfermée dans un contour du Terek, que nous rencontrâmes de nouveau, mais que nous traversâmes cette fois à gué en même temps que les chevaux, les buffles et les chameaux qui nous avaient précédés sur le bac à l'autre passage, et qui, pendant notre passage à nous, avaient gagné du chemin. Un passage à gué est toujours un tableau des plus pittoresques; celui qui s'effectuait sous nos yeux, et dans lequel notre escorte se mêlait à la caravane étrangère mais qui passait en même temps que nous, était une des choses les plus intéressantes qui se pussent voir. Tout ce qui était cheval et buffle passait assez volontiers; mais les chameaux, qui ont horreur de l'eau, faisaient mille difficultés pour se mettre au fleuve. C'étaient des cris ou plutôt des hurlements qui semblaient appartenir bien plus à une bête féroce qu'au pacifique animal que les poëtes ont nommé le navire du désert, sans doute parce que son trot, comme le tangage d'un vaisseau, donne le mal de mer. Si pressés que nous fussions d'arriver, à cause du mau- vais pas que nous avions à traverser, nous ne pûmes nous empêcher d'attendre que tout le passage fût ef- fectué. Enfin, chevaux profitant du passage pour boire, buffles nageant la tête seule hors de l'eau, chameaux montés par les conducteurs et trempant à peine leur ventre dans le fleuve, grâce à leurs longues jambes, ar- rivèrent à l'autre bord et se remirent en route. Nous les imitâmes en les précédant, et rien ne nous arrêta plus jusqu'à la station suivante. 5.