LE CAUCASE 75 avec son nœud coulant entre-bâillé. Le prisonnier est attaché au cheval, et le cheval est mis au galop avant que la victime ait eu le temps de crier au secours. Par bonheur pour l'officier, les Cosaques qui n'étaient pas à la station qu'il avait laissée derrière lui, revenaient de la station qu'il avait devant lui. Ils virent de loin la lutte, comprirent que quelque chose d'extraordinaire se passait; ils mirent leurs chevaux au galop, arrivèrent au kibik, apprirent de l'hiemchik cé qui venait de se passer, et s'élancèrent fond de train à la poursuite des Tchetchens. Ceux des bandits qui étaient à pied se jetèrent à plat ventre et laissèrent passer les Cosaques; celui qui était à cheval pressa son cheval du genou et son prisonnier du fouet. Mais le prisonnier se roidit à la corde et re- tarda la marche du cheval. Le Tchetchen, entendant derrière lui le galop des chevaux cosaques, tira son kandjar; l'officier crut que c'était fait de lui. Heureuse- ment, le montagnard se contenta de couper la corde qui retenait le prisonnier à la queue de son cheval. L'officier roula sur l'herbe à moitié étranglé. Le montagnard se précipita dans le Terek, avec sa monture. Les Cosaques firent une décharge sur lui, mais ne l'atteignirent pas. Le montagnard poussa un cri de triomphe, gagna l'autre bord en brandissant son fusil, et, de l'autre bord, envoya à ses adversaires une balle qui cassa le bras à l'un d'eux. Deux Cosaques portèrent secours à leur camarade, et les trois autres à l'officier : le Tchetchen l'avait forcé