LE CAUCASE 73 Cosaques; mais, vu l'étrangeté des sensations que je venais d'éprouver, je ne les regrettai pas. Je n'eus pas besoin de fermer mes contrevents. Notre jeune hôte, qui décidément était plein d'attentions pour nous, y avait pourvu. Je couchai sur mon banc, enveloppé dans ma pelisse, avec ma karsinka (1) pour oreiller. C'était ce qui m'ar- rivait à peu près chaque nuit depuis que j'avais quitté Jelpativo (2). III LES GAVRIELOVITCH Quand on s'est couché, le soir, sur une planche avec une pelisse pour tout matelas et pour toute couverture, on n'a pas grand'peine à quitter son lit le lendemain matin. Je sautai à bas du mien au point du jour. Je me trempai la tête et les mains dans la cuvette de cuivre que j'avais achetée à Kasan pour être sûr d'en trouver une, la cuvette étant un des meubles les plus rares de la Russie; et je réveillai mes compagnons. La nuit s'était passée sans alerte. Il s'agissait de déjeuner lestement et de partir le plus (1) Espèce de portemanteau à deux poches, qui a encore plus de la besace que du portemanteau. (2) Campagne de M. Dmitri Narischkine, où j'ai passé huit ou dix des bons jours de ma vie. J. 5