LE CAUCASE 71 niennes, plus bizarres les unes que les autres. Il y en avait de faites avec des mûres de bois, d'autres avec de l'angélique; les bonbons qui les accompagnaient avaient aussi leur caractère oriental : ils étaient plus remar- quables par le parfum que par le goût. Un domestique, vêtu d'un costume tcherkesse, vint dire deux mots à l'oreille du gouverneur, qui fit un signe au maître de police et qui sortit. Le maître de police le suivit. - Voilà la réponse? demandai-je à madame Polno- bokof. -Probablement, me répondit-elle. Prenez-vous en- core une tasse de thé? - Volontiers. Je sucrai ma tasse de thé, j'y étendis un nuage de crème et je l'avalai à petits coups, ne voulant point paraître plus curieux que les autres. Cependant mon œil ne quittait point la porte. Le gouverneur rentra seul. Il ne parlait pas français. Je fus donc obligé d'atten- dre que madame Polnobokof voulût bien satisfaire mon impatience. Elle comprit cette impatience, quoiqu'elle lui semblat probablement exagérée. - Eh bien? lui demandai-je. On a trouvé le cadavre d'un homme percé de deux balles, me dit-elle, à deux cents pas de notre maison jus- tement; mais, comme il était déjà complétement dé- pouillé, on ne peut pas savoir à qui il appartient. C'est sans doute celui d'un marchand qui est venu aujourd'hui vendre ses denrées à la ville et qui se sera attardé. A