70 19 IMPRESSIONS DE VOYAGE Nous arrivions des premiers. Madame Polnobokof nous avait reçus, le matin, sans savoir qui nous étions; à mon costume, elle m'avait pris, comme les autres, pour un général français, et, par pure hospitalité, avait été si gracieuse, qu'il me semblait qu'elle ne pouvait l'être davantage. Je me trompais. Maintenant qu'elle savait que j'étais l'homme auquel elle prétendait devoir ses meilleures distractions, elle ne savait comment me remercier à son tour des bons moments que, disait-elle, je lui avais fait passer. Cinq ou six personnes arrivèrent, parlant toutes, par- ticulièrement les femmes, parfaitement français. Je cherchais des yeux le gouverneur. Madame Polno bokof alla au-devant de ma question. Est-ce que vous n'avez pas entendu des coups de fusil en venant ici? me demanda-t-elle. - Si fait, répondis-je trois coups. · C'est cela; il ont été tirés du côté du Terek, et, de ce côté-là, ils ont toujours une sérieuse signification. Mon mari est avec le maître de police. Je crois qu'on envoyé les Cosaques en reconnaissance. - Alors, nous aurons des nouvelles? C'est probable; dans un instant. Les autres personnes ne paraissaient pas s'occuper le moins du monde des coups de fusil On causait, on riait; on se fût cru dans un salon de Paris. Le gouverneur et le maître de police entrèrent et se mêlèrent à la conversation sans que leur visage indi- quât la moindre préoccupation. On servit le thé avec une foule de confitures armé–