68 IMPRESSIONS DE VOYAGE instant, et, comme c'est la seule façon qui me soit offerte de prouver ma reconnaissance à ceux qui les ont eues pour moi, je demande la permission de ne pas m'en faire faute. ― Le drojky nous ramena à la maison. Je voulais changer de bottes pour aller chez le maître de police. Je trouvai le maître de police qui m'attendait. Je lui fis, tout confus, mes excuses de m'être laissé prévenir par lui, et lui montrai mes bottes crottées jusqu'au mollet. Au reste, j'avais de la marge: sur l'avis des chemins que nous devions rencontrer, j'avais acheté, à Kasan, des bottes qui me montaient jusqu'au haut de la cuisse. C'est bien certainement en Russie qu'ont dû être fa- briquées les bottes de sept lieues du petit Poucet. Le maître de police venait se mettre à notre dispo- sition. Nous avions déjà abusé de lui; nous n'avions plus rien à lui demander : nous voulions seulement lui faire nos remercîments. Quatre ou cinq bouteilles de vin que je ne connaissais pas, et que je trouvai rangées sur le bord de la fenêtre, constataient une nouvelle attention de sa part. Il nous promit de nous retrouver, le soir, chez le gouverneur. Je signalai à Moynet la rue dont j'ai essayé de donner une idée à mes lecteurs; il prit son album sous un bras, Kalino sous l'autre, passa, sur mes instances, un poi- gnard à sa ceinture, et se hasarda à son tour hors de la maison. Kislar est, au reste, pour un artiste, une ville d'un