66 IMPRESSIONS DE VOYAGE L'événement se passe aux eaux de Kislovsky. Un de ces enlèvements eut lieu au moment où le comte Voronzof, lieutenant de l'empereur au Caucase, venait, dans l'espérance de diminuer les meurtres, de faire dé- fense aux princes tatars de porter des armes. Le père de la jeune fille enlevée, ne pouvant pas s'en- tendre avec son gendre sur le prix de la dot, vint chez le comte pour se plaindre du rapt et demander justice contre le ravisseur. Par malheur, comme le baron de Nangis, de Marion Delorme, il était à la tête d'une garde de quatre hom- mes, et ses quatre hommes et lui étaient armés jus- qu'aux dents. Le comte Voronzof, au lieu d'écouter sa plainte, donna l'ordre de l'arrêter, lui et ses quatre hommes, comme contrevenant à ses décisions. Le Tatar entendit l'ordre, tira son kandjar et se jeta sur le comte Voronzof pour l'assassiner. Le comte se défendit, et, tout en se défendant, appela à l'aide; la garde accourut; le prince tatar fut arrêté et un de ses hommes tué sur la place. Mais les trois autres se sauvent sur la montagne Bas- tof, où il y avait une grotte, et se réfugient dans cette grotte. On les y attaque, ils tuent vingt Cosaques. Près d'être forcés, ils font une sortie. L'un d'eux est tué dans la sortie, le second se sauve dans une écurie, où un cocher, qui se trouve là par hasard, lui crève la poitrine d'un coup de fourche; le troisième monte comme un chat sur le balcon d'un res- taurateur, et, de cette galerie, soutient un véritable