LE CAUCASE 65 de ses enfants; touché de cette preuve de dévouement maternel, le gouverneur délivre un padarojné, et ma- dame M*** part. — - Le prince B*** l'attendait sur la route; il l'enlève, la conduit à son aoul, espèce de nid d'aigle situé sur un rocher, à quelques verstes de Petigorsk, et la garde trois mois sans que son mari sache ce qu'elle est deve- nue. Au bout de trois mois, le beau prince tatar, moins amoureux, le prince B*** est très-beau, à ce que l'on dit, le beau prince tatar, moins amoureux, disons- nous, fit prévenir M. M*** qu'il savait où était sa femme, et offrit d'être l'intermédiaire pour son rachat; M. M*** accepta. Le prince, au bout d'un mois, écrivit qu'il avait arrangé l'affaire pour trois mille roubles; M. M*** envoya les trois mille roubles, et, huit jours après, re- çut sa femme, enchanté d'avoir pu la racheter à si bon marché. C'était encore meilleur marché que ne croyait le pauvre mari; car, non-seulement il avait racheté sa femme, mais encore l'enfant dont elle accoucha au bout de six mois. C'est, au reste, une habitude parmi les princes tatars d'enlever les femmes des autres, et même celles qui deviennent leurs propres femmes plus le fait s'accom- plit violemment, plus il fait honneur à leur passion; en- suite, on traite de la dot avec le père, qui d'ordinaire passe par les conditions que lui fait son gendre, lequel, tenant la femme, a une supériorité sur le père, qui ne tient plus rien. Parfois cependant le père s'obstine; voici un exemple de cette obstination: 4.