LE CAUCASE 03 chand; ils le tuèrent, et s'aperçurent seulement alors de la méprise; ce qui ne les empêcha pas de lui prendre les quelques kopeks qu'il avait dans sa poche; après quoi, ils jetèrent son corps dans le canal dont l'eau sert à arroser les jardins. Les jardins des Arméniens de Kislar la chose en passant - consignons fournissent, sous différents noms français, du vin à toute la Russie. Quelques mois auparavant, au moment où ils reve- naient de la foire de Derbend, les trois frères arméniens Kaskolth avaient été pris avec un de leurs amis nommé Bonjar; comme on les savait riches, les brigands ne les tuèrent pas : ils les emmenèrent dans la montagne pour leur faire payer rançon; mais, comme, après les avoir dépouillés de leurs habits et les avoir forcés de faire une quinzaine de verstes attachés à la queue des chevaux, on leur avait fait passer à la nage les eaux glacées du Terek, deux moururent d'une fluxion de poitrine et le troisième d'une phthisie pulmonaire, après s'être rache- tés dix mille roubles. Le quatrième, moins riche que les autres, et qui s'é- tait déjà tiré d'affaire sous promesse aux Tatars de leur servir d'espion, s'engageant à leur annoncer qu'il y avait un bon coup à faire lorsque quelque riche Arménien se mettrait en route, ayant, une fois de retour à Kislar, manqué tout naturellement à sa parole, n'ose plus sortir. de sa maison, et s'attend, même dans sa maison, à être tué d'un moment à l'autre. Un an auparavant, le colonel Menden avait été tué, lui et ses trois Cosaques d'escorte, sur la route de Kasa- fiourte à Kislar; il est vrai que colonel et Cosaques