LE CAUCASE 57 de vin de Kislar et un morceau de schislik excellent. Or, comme je voyage pour m'instruire et que, quand je rencontre un bon plat quelque part que ce soit, j'en demande à l'instant même la recette pour en enri- chir le livre de cuisine que je compte publier un jour, – j'avais demandé la recette du schislik. Un égoïste garderait la recette pour lui ; mais, comme, en général, ce que j'ai appartient à peu près à tout le monde, et que je sais un gré infini à ceux qui, au milieu des gens qui me prennent, attendent que je leur donne, je vais vous donner, chers lecteurs, la recette du schis- lik; essayez-en, et vous me saurez gré du cadeau. Vous prenez un morceau de mouton, du filet si vous pouvez vous en procurer; vous le coupez par morceaux de la grosseur d'une noix; vous le mettez mariner un quart d'heure dans un vase où vous avez haché des oi- gnons, versé du vinaigre, et secoué avec libéralité du sel et du poivre. Au bout d'un quart d'heure, vous étendez un lit de braise sur le fourneau. Vous enfilez vos petits morceaux de mouton à une prochette de fer ou de bois, et vous tournez votre bro- chette au-dessus de la braise, jusqu'à ce que vos petits morceaux de mouton soient cuits. C'est tout simplement la meilleure chose que j'aie mangée dans tout mon voyage. Si les petits morceaux de mouton peuvent passer une nuit dans la marinade; si vous pouvez, en les tirant de la broche, les saupoudrer de sumac, le schislik n'en vaudra que mieux. Mais, quand on est pressé, quand on n'a pas de sumac,