56 IMPRESSIONS DE VOYAGE je crois l'avoir déjà dit, ne nous avait ouvert que la chambre de la guitare. La vue des meubles envoyés par le maître de police, l'audition de l'ordre qui les accompagnait, changea complètement ses façons vis-à-vis de nous. Les meubles se composaient de trois bancs destinés à servir de lits, de trois tapis destinés à nous servir de matelas, de trois chaises dont je n'ai pas besoin d'indi- quer la destination, et d'une table. Il ne nous manquait plus que quelque chose à mettre sur cette table. Nous envoyâmes acheter, par notre jeune Tatar, des œufs et une poule. Pendant ce temps, nous ouvrions notre cuisine de voyage et nous en tirions une poêle, une casserole, des assiettes, des fourchettes, des cuillers et des cou- teaux. Le nécessaire à thé était chargé de nous fournir des verres et une nappe, à laquelle chacun essuyait sa bou- che et ses doigts. Nous étions riches de trois nappes, et il va sans dire que nous ne perdions pas une occasion de les faire laver. Notre ménager revint avec des œufs; il n'avait pas trouvé de poule, et nous offrait en échange ce que l'on trouve partout au Caucase : d'excellent mouton. J'acceptai; c'était une occasion pour moi d'essayer du schislik. Dans une visite que, pendant notre séjour à Astra- kan, nous avions faite à une pauvre famille arménienne, elle nous avait, si pauvre qu'elle fût, offert un verre.