LE CAUCASE 55 roidissant dans toutes ses jointures, portait la main à son papak, et me disait : - Général, tout va bien dans la station - ou tout est en ordre au poste. Ce à quoi je répondais tout simplement caracho, c'est- à-dire très-bien. Et le Cosaque s'en allait tout heureux. A chaque station où je trouvais l'escorte qui devait m'accompagner réunie et sous les armes, je me levais dans ma tarantasse, ou me haussais sur mes étriers en disant : Sdarovo, ribiata ! Ce qui veut dire : Bonjour, enfants! L'escorte répondait en chœur : -Sdravia, jélaem vasché prevoskhoditelstvo! Ce qui voulait dire : Bonjour, Votre Excellence. Moyennant quoi, les Cosaques, parfaitement satisfaits de leur sort, sans jamais demander de rétribution, rece- vant avec reconnaissance, après vingt ou vingt-cinq verstes faites au grand galop, un ou deux roubles pour la poudre qu'ils avaient brûlée, ou pour le vodka qu'ils devaient boire, quittaient Mon Excellence aussi contents d'elle qu'elle était contente d'eux. Voilà donc pourquoi mon Cosaque voulait dire au gé- néral que le maître de police allait envoyer des meubles pour garnir l'appartement. En effet, dix minutes après, les meubles arrivèrent sur une charrette, avec ordre d'ouvrir, dans la maison, autant de chambres qu'il nous plairait d'en oc cuper. Jusque-là, notre jeune hôte, assez mal avenant, comme