LE CAUCASE 51 > Si le Persan vous donne la main, comptez sur lui. » Si un montagnard quelconque vous donne sa parole, comptez sur lui. » Mais, si vous traitez avec un Arménien, faites-lui signer un papier et prenez deux témoins, pour qu'il ne nie pas sa signature. » A tout ce qu'ils vendent d'habitude, les Arméniens de Kislar joignent donc la vente du vin et de l'eau- de-vie. Depuis cinq jours, nous n'avions pas vu un arbre, et notre cœur se dilatait en entrant dans cette oasis, quoi- que l'oasis allât s'effeuillant. Nous avions quitté l'hiver en Russie, nous retrou- vions l'automne à Kislar; on nous assurait que nous retrouverions l'été à Bakou. Nous prenions décidément l'année à l'envers. Nous fimes environ quatre verstes dans ces abomi- nables chemins, et nous arrivâmes enfin à la porte de la ville. Notre Cosaque nous attendait. Le maître de police nous assignait une maison à cent pas de la poste. Notre voiture, conduite par le Cosaque, s'arrêta à la porte de la maison. Nous étions véritablement en Orient, dans l'Orient du Nord, c'est vrai; mais l'Orient du Nord diffère de l'Orient du Midi par les costumes seulement; les mœurs et les habitudes sont les mêmes. Moynet s'en aperçut, en se cognant la tête à la porte d'entrée de notre chambre: elle semblait faite pour un enfant de dix ans.