LE CAUCASE 4.9 Plus nous approchions, plus le chemin se gâtait; il eût été regardé comme impraticable en France, en Al- lemagne ou en Angleterre, et une voiture ne s'y fût certes pas engagée. Mais la tarantasse passe partout, et nous étions en tarantasse. Nous qui venions de traverser des mers de sable et d'être aveuglés pendant cinq jours par la poussière, nous étions arrivés aux abords d'une ville pour voir nos chevaux entrer dans la boue jusqu'au poitrail et nos voitures jusqu'au moyeu. - - Où faut-il vous conduire? avait demandé l'hiem- chik (1). - A la meilleure auberge. Il avait secoué la tête. - A Kislar, avait-il répondu, il n'y a pas d'au- berge. - --- – Mais, alors, où loge-t-on, à Kislar ? On s'adresse au maître de police, et il vous désigne une maison. Nous appclâmes un Cosaque de notre escorte; nous lui donnâmes notre padarojné (2) et notre atkritoï (3), pour constater notre identité, et lui ordonnâmes de se rendre à fond de train chez le maître de police et de revenir nous attendre avec sa réponse aux portes de la ville. (1) Postillon. (2) Ordre de prendre des chevaux. (3) Mot à mot, feuille ouverte ou blanc seing, c'est-à-dire autorisation de réclamer des escortes.