INTRODUCTION 37 · Kasi-Moullah, il envoya à tous les moullahs du Da- ghestan l'invitation de se rassembler dans le village de Karadach, où il allait se rendre lui-même pour leur annoncer une importante nouvelle. Les invités vinrent au rendez-vous. A midi, c'est-à-dire à l'heure où les muezzins appellent les fidèles à la prière, Gamsah-Beg entra dans le village, accompagné de ses murides les plus braves et les plus dévoués. Il marcha hardiment à la mosquée, fit son hommage, et, se retournant vers le peuple, il dit d'une voix ferme et élevée : - Sages compagnons du tharicat (1), respectables moullahs, et chefs de nos illustres associations, Kasi- Moullah est tué, et maintenant il prie Dieu pour vous. Soyons-lui reconnaissants de son dévouement à notre cause sainte; soyons plus braves encore, puisque sa bravoure n'est plus là pour seconder la nôtre. Il nous protégea dans nos entreprises, et, puisqu'il nous a pré- cédés là-haut, il ouvrira de sa main les portes du paradis à ceux de nous qui mourront en combattant. Notre croyance nous ordonne de mener la guerre contre les Russes, afin de délivrer nos compatriotes de leur joug. Qui tuera un Russe, c'est-à-dire un ennemi de notre sainte religion, goûtera la félicité éternelle; qui sera tué dans le combat, sera porté par les bras de la Mort dans ceux des houris bienheureuses et toujours vierges. Re- (1) Le muridisme, sur lequel nous reviendrons, se sépare en deux parties chariat et tharicat; nous donnerons l'explica- tion de chacun de ces deux mots. T. 1. 3