INYRODUCTION 33 Ce dévouement, qui est d'un pour tous et de tous pour un, ressort de la plus complète démocratie, mais a pour base première obéissance absolue aux ordres du chef, c'est-à-dire à l'imam. Un muride doit obéir à l'imam sans discuter, sans raisonner, l'imam lui ordonnàt-il l'assassinat, l'imam exigeât-il le suicide. C'est la soumission passive du jésuite à son général, de l'assassin au Vieux de la Montagne. Un des premiers besoins du montagnard est de fumer. Un jour, Schamyl ordonna que personne ne fumât plus, et que l'argent destiné à l'achat du tabac fût employé l'achat de la poudre. Personne ne fuma plus. Kasi-Moullah employa vingt années à établir son pou- voir sur ces bases. A peine savait-on son existence, à peine connaissait-on son nom dans la plaine, qu'il était déjà absolu dans la montagne. Un jour, le 1er novembre 1831, il se révéla par un coup de tonnerre il descendit des montagnes, fondit sur la ville de Kisslar, la dévasta, et coupa six mille têtes. Enhardi par ce coup de main, il bloque Derbend; mais, cette fois, il est repoussé et rentre dans ses montagnes. Dans ces expéditions, il avait à ses côtés un jeune homme de vingt-six à vingt-huit ans, nommé Schamouil- Effendi; ce jeune homme savait lire et écrire, affectait une grande piété, et Kasi-Moullah, après l'avoir choisi pour nouker, avait fini par le prendre pour muride. De son écuyer, Schamouil-Effendi était devenu son disciple. Ce jeune homme, sur lequel la faveur de Kasi-Moullah