INTRODUCTION Regardez cette mer immense sur laquelle flotte un vaisseau gigantesque. Cette mer, c'est le déluge; ce vaisseau c'est l'arche. Deux mille trois cent quarante- huit ans avant Jésus-Christ, l'arche aborde au sommet de l'Ararat. La semence du monde futur est sauvée. Deux siècles après, Haïg fonde le royaume d'Arménie, et Thagarmos celui de Géorgie (1). Au milieu de ces dates incertaines, Arméniens et Géorgiens disent que Haig et Thagarmos étaient les contemporains de Nemrod et d'Assur. Regardez passer comme une ombre presque sans forme Marpésie et ses amazones. Cette reine belliqueuse part des rives du Thermodon et va donner son nom à un rocher du Darial. Jornandès cite la reine, et Virgile chante la montagne. Voyez, le jour se fait. Voici à son tour Sémiramis, la fille des colombes. Elle soumet l'Arménie, bâtit Arté- misa, voit tuer dans une bataille son bien-aimé le roi Azaï le Beau, l'ensevelit près du mont Ararat, et revient mourir à Babylone de la main de son fils Ninias, cet Hamlet antique, vengeur de la mort de son père. -- ― Mille deux cent dix-neuf ans avant Jésus-Christ, — les dates commencent à avoir une valeur historique, trente-cinq avant la guerre de Troie, un vaisseau tel qu'on n'en avait point encore vu en Colchide, entrait dans le Phase, et venait s'arrêter sous les murs de la capitale du roi Æétès, père de Médée. C'était le vaisseau Argo, parti d'Iolchos en Thessalie, et monté par Jason, venant redemander la toison d'or. (1) La Géorgie était alors appelée Ibérie 1.